TIGA

tigaJean-Claude Garoute (dit TIGA) naît le 9 décembre 1935 à Port-au-Prince. A 10 ans, il modèle l’argile. A 12 ans, il s’inscrit au Centre d’Art ou il apprend le dessin. A 19 ans, il enseigne la céramique. Il s’adonne à la composition musicale, au chant, à la pratique instrumentale. Il écrit des poèmes et des réflexions philosophiques dans les revues haïtiennes. En, 1958, il est directeur du Centre de Céramique de l’Education Nationale. En 59, il fonde le Musée de la Céramique. Il se consacre aussi à la peinture. Animateur, il travaille avec les enfants et des malades mentaux.

En 1960, il fonde la galerie Kalfou ou il propose des sources d’inspiration nouvelles. Au Festival des Arts Nègres à Dakar, en 66 il est consacré TIGA  maître de la « nouvelle école ». En 68, il créé avec des amis le centre culturel « Poto-Mitan », recherche sur le vaudou. En 71, il propose, à Nérette (Pétionville), sa première exposition d’art total. Sa peinture s’affirme, il travaille la céramique, la sculpture. Il chante; danse, pratique l’expression directe au théâtre. Cette même année, germe de l’idée d’une communauté d’artistes paysans, le futur Saint Soleil, à Soisson-la-Montagne, au dessus de Pétionville. En 73, Saint Soleil vit, les agriculteurs peignent, dansent chantent.

En 75, après avoir animé à l’université de Californie une session théâtrale avec Jerzy Grotowski, l’illustre Polonais, il participe au Festival de Théâtre de Nancy, invité par Jack Lang. Puis il va en Pologne avec sa troupe d’enfants-paysans-artistes. En 76, André Malraux visite la communauté Saint Soleil dont il fait le chantre. Saint Soleil explose. Tiga continue à peindre. Il passe des bleus profonds au terres de soleil brulé. Il est connu, reconnu, exposé. Mais cela lui importe moins que la perpétuelle recherche, non seulement sur la peinture et l’art, mais dans tous les domaines de la création, des possibilités de l’homme, des sources antédiluviennes inscrites en sa mémoire.

De 85 à 93, beaucoup d’expositions. En 94, aboutissement personnel dans une oeuvre qui agence 100 pièces en un seul panneau de 15 m de long, « Variations sur Haïti, en Cent Mouvements » ( Médaille de la Biennale de Saint Domingue).

Tiga a crée une fondation aux multiples projets, en particulier la pratique des arts comme mobile de développement des communautés rurales.

« Je peins spontanément. Avec la potentialité créativité de ce peuple, nous vivons dans une ambiance coloniale. Quel art devrais-je faire? J’ai commencé à 12 ans. Pas d’études classiques. J e suis passé au Centre d’Art comme un enfant qui cherche des vibrations. J’ai trouvé mon art à l’école de mon peuple. Je suis d’abord un chercheur et un animateur. J’ai mis en place le principe delà rotation artistique. C’est mettre à disposition de l’enfant, de l’adulte, du malade mental, tous les supports sensibles (l’argile, la couleur, l’encre, la musique, le chant, l’expression corporelle, les percussions) afin de pouvoir explorer la personnalité de chacun.

J’explorais la culture haïtienne, surtout le vaudou. Une cérémonie vaudou est tout ça en même temps. Le « vévé » est un dessin, il y a la couleur, le parfum, les feuilles pliées, la danse, le chant, une atmosphère. C’est dans ce sens que cette religion est vivante.

Haïti est rêve, possession, création, folie. Ne passez pas à coté du rêve. La possession, c’est la prise du « loa », la création est forte chez nous, plus qu’ailleurs, la musique avec le vaudou, la peinture, dessin, sculpture, dans, tout y est. Et la folie, la bonne folie. Pas la grande folie, ça c’est le Dieu. Les quatre éléments sont autonomes, mais il y a une sorte de fusion pour exprimer le phénomène de ce peuple, de ce pays.

%Malraux m’avait posé la question en  76: « C’est quoi l’art pour vous, Tiga? ». Alors Je n’ai rien dit. Aujourd’hui, je peux répondre. L’art est pour moi d’abord une « émanation bio-physiologique de l’homme. Ce n’est pas une affaire intellectuelle. L’art est partout. C’est l’acte de création, le premier jet qui est l’art.0 L’art est au début de tout. Dans l’ évolution de l’humanité, il a précédé l’artisanat et la technicité. L’homme a tracé un cercle avant de fabriquer un bol. Quel que soit le support sensible, l’homme qui fait acte de création et qui continue est un artiste. »

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